Planter les graines de la tolérance

A la suite des évènements liés à l’assassinat de Samuel Paty qui ont a eu lieu en octobre dernier, le lycée a décidé de lui rendre hommage en plantant un arbre de la tolérance dans l’enceinte de l’établissement le 23 novembre 2020.

Mme Pastor, Mme André et Mme Boutet lors de l’inauguration de l’arbre de la tolérance en l’honneur de Samuel Paty

En présence d’élèves, de membres du personnel et de M Sibenaler, proviseur du lycée Rémi Belleau, trois professeures, Mme Pastor, Mme André et Mme Boutet, ont rappelé les tragiques évènements qui ont touché la communauté éducative lors de l’assassinat de Samuel Paty. Un professeur avait été tué pour avoir exercé son métier et tenté d’inculquer certaines valeurs fondamentales à ses élèves comme la liberté d’expression, la laïcité et la tolérance. Elles ont ensuite lu un texte de Pierre Perret, « Ma France à moi », que ce dernier avait publié en 2015 en réaction aux attentats du Bataclan. Comme l’ont expliqué les enseignantes, cet arbre a été planté afin que dans 20 ans on se souvienne de Samuel Paty et de son message. Comme nous avons pu le constater en écrivant ce journal, l’intolérance est à l’origine de maux fondamentaux de notre société comme les discriminations et le harcèlement avec déjà de lourdes conséquences mais elle peut aussi mener à encore pire ; l’extrémisme, la haine et la violence. Il est donc du devoir de chacun de lutter contre elle.

Chloé Hamard, élève de terminale Nickel

« Je ne veux pas aller à l’école » ; une phrase pas forcément si anodine

La phobie scolaire est trop souvent méprisée, perçue comme un caprice car, pour la plupart des gens, l’enfant joue seulement la comédie pour ne pas aller à l’école. Mais cette pathologie n’a rien d’un mensonge, l’enfant souffre réellement d’une angoisse profonde qui prend le pas sur sa scolarité et sur sa vie.

Phobie scolaire ; un mal sous-estimé

Cédric Dufeil, infirmier du lycée Rémi Belleau

La phobie scolaire est une peur profonde ressentie qui produit des angoisses et un stress important chez certains élèves et les empêchant de vivre normalement leur scolarité et rendant leur venue en cours de plus en plus difficile. Elle peut prendre également le nom de refus scolaire anxieux. En 2019, il y a 2 à 5% des enfants scolarisés, surtout au collège et au lycée, qui sont atteints par ce refus scolaire anxieux et cela génère 5 à 8% des motifs de consultations en pédopsychiatrie. Cette peur parfois irrationnelle et incontrôlable peut être due à la forte pression de réussite ressentie par certains élèves, à la pression sociale provoquée par la vie en groupe à l’adolescence et au mal être que vivent certains jeunes à cette période ou au fait d’avoir vécu ou de vivre encore certains actes de harcèlement scolaire. Les personnes souffrant de ces angoisses ne peuvent pas venir en cours car ils sont pris par des crises de panique ou d’angoisses qui se manifestent parfois par des pleurs, des maux de tête ou de ventre, des nausées, de fortes difficultés à respirer et même pour certains à des crises impressionnantes menant à des évanouissements. Cela peut aller jusqu’à des cas de dépression. Ces signes de refus ou d’anxiété apparaissent au moment d’aller à l’école et le dimanche soir et surtout à l’intérieur même des établissements pour les élèves qui arrivent encore à franchir la porte de leur établissement. Si l’enfant refuse absolument d’aller en classe, ce n’est pas parce qu’il ne veut pas mais parce qu’il ne peut plus. On peut donc constater certains rapprochements avec le burn out ou épuisement professionnel chez les adultes mais lui est considéré comme une maladie, alors que le refus scolaire anxieux n’est répertorié que comme un trouble psychologique.

Un accompagnement complexe

Nous sommes allés voir M. Dufeil, l’infirmier du lycée Rémi Belleau afin d’avoir son expertise sur le sujet. Il nous a expliqué que des cas étaient présents au sein du lycée et qu’ils étaient en augmentation ces dernières années et encore plus depuis la crise du coronavirus. Certains sont vite repérés par les absences et les crises mais d’autres, en revanche, réussissent à le cacher malgré les angoisses. Pour l’infirmier, « ce qui génère l’apparition de ce refus scolaire chez les élèves est le développement important des angoisses, qui au bout d’un moment envahissent l’esprit et créent un blocage ». Nous avons la chance d’avoir dans notre lycée M Dufeil qui accompagne ces élèves, les écoute longuement, les oriente vers d’autres professionnels et facilite leur retour ou leur maintien en cours par la mise en place d’emplois du temps adaptés. En tant que camarade, nous pourrions aussi agir Un arbre pour ne pas oublier et planter les graines de la tolérance en gardant un lien avec eux, en leur apportant leurs devoirs ou encore en les accueillant devant le lycée lorsqu’ils reviennent pour les aider à franchir le portail.

Syane Tournay, élève de terminale Nickel

Harcelé et après ?

Le nombre de victimes de harcèlement scolaire représente environ 1 élève sur 10 soit presque 700 000 en 2020, principalement entre 11 et 15 ans et, comme nous le rappelle malheureusement certaines actualités récentes, le harcèlement peut entraîner de lourdes conséquences et finir tragiquement. Nous avons donc souhaité dresser le bilan sur le harcèlement en milieu scolaire.

Les mécanismes du harcèlement

Le harcèlement englobe des violences physiques, psychologiques, sexuelles, des comportements agressifs et des fausses rumeurs générées par un ou plusieurs individus, qui s’inscrivent sur la durée et qui se répètent avec l’intention de nuire. Le harcèlement est souvent lié à une différence de taille, de morphologie, de couleur de peau ou de préférences sexuelles ou de non- conformité avec les attendus de genre. Une part importante de ces actes est donc liée aux problématiques de la discrimination et de l’intolérance. Dans tous ces actes d’harcèlement se joue également une relation de dominant/dominé mais plusieurs types de harceleurs se distinguent. Il y a ceux qui mènent le groupe et ceux qui les aident, leurs complices et plus ils sont nombreux plus les conséquences sont fortes. Les témoins jouent aussi un rôle important en laissant faire mais parfois ils deviennent harceleurs car ils pensent ;« Harceler pour ne pas être harcelé ». Certaines victimes peuvent même se mettre à harceler à leur tour en répétition de ce qu’ils ont vécu. Mais de nos jours, avec les nouvelles technologies, le harcèlement scolaire se développe et est encore plus dur à vivre car il ne s’arrête pas à la sortie de l’école, il continue à travers les réseaux sociaux après les cours, sous forme de cyberharcèlement. Des insultes et des menaces sont proférées en boucle comme une vague qui brise l’individu à petit feu.

Dessin de Maïlys Tournay

Des conséquences destructrices à court et à long termes

Très souvent les victimes de harcèlement scolaire ne parlent pas et leurs parents ne sont pas les bonnes personnes pour se confier. Ils vont tout faire pour ne rien lâcher à l’école afin de ne pas apparaître comme une victime. Ces stratégies d’évitement, qui vont jusqu’au décrochage scolaire, dépendent de la personnalité de chacun et quand un enfant parle c’est souvent parce qu’un évènement a eu lieu et qu’un adulte l’aura remarqué. Dans ce cas-là, l’élève n’a plus le choix. Isolée, la victime est stressée en permanence et n’arrive pas à trouver la force de se défendre. Des dépressions et des crises d’angoisses peuvent se développer pendant ces évènements ou plusieurs années après. La douleur, la peur, le stress, le sentiment d’insécurité et le manque de confiance en soi, restent longtemps avant que la victime puisse se séparer doucement de la pensée quotidienne de ce qu’elle a vécu et puisse enfin se reconstruire. Le harcèlement détruit le présent et assombrit l’avenir de la personne qui le subit. Dans notre lycée, seulement deux à trois cas de harcèlement sont recensés chaque année et les situations, une fois repérées ou signalées s’améliorent rapidement mais la lutte contre le harcèlement doit être l’affaire de tous afin de l’éradiquer. Il existe un numéro d’aide aux victimes pour pouvoir avoir des conseils et parler : le 3020 et il peut aussi être appelé par les témoins afin de savoir quoi faire. Au lycée, vous pouvez vous adresser à l’infirmier et aux CPE.

Aurore Tual, élève de seconde Agathe

Pourquoi est-il devenu si compliqué d’être lycéen aujourd’hui ?

Des raisons anciennes

Echec scolaire, élitisme, difficulté à s’intégrer, harcèlement ; les difficultés de la scolarité existent depuis la création de l’école mais depuis les années 1980, l’accès au lycée s’est aussi largement démocratisé et a donc placé des centaines de milliers d’élèves dans un modèle encore très formaté et élitiste où il peut être difficile de trouver sa place. De plus, de nos jours de nouvelles difficultés apparaissent. Les parents sont notamment plus exigeants et peuvent instituer un contexte oppressant, même s’ils souhaitent le meilleur pour leurs enfants. Les parents tentent de contrer les incertitudes économiques par des stratégies éducatives basées sur la réussite et l’exigence. La génération z évolue également dans une société en crise et hérite d’un environnement lésé, du chômage de masse et d’une société qui a perdu depuis longtemps ses idéaux et sa confiance dans un futur meilleur. Nous vivons dans une société plus angoissée qu’auparavant et ces angoisses se sont reportées sur la jeunesse qui est bien plus anxieuse qu’auparavant. Une partie de la nouvelle génération ressent un mal de vivre, du stress et des angoisses.

Un contexte actuel très compliqué

À l’heure de la Covid-19, les lycéens ont été soumis depuis plus d’un an à diverses mesures difficiles à vivre : confinement et enseignement à distance, protocole sanitaire au lycée, puis l’hybridation qui mêle une semaine en présentiel et une en distanciel. Cette situation a fragilisé les relations sociales des élèves, accentué certains décrochages, créé du stress supplémentaire et amplifié les inquiétudes sur l’avenir. Aussi, tout ce contexte se produit à un moment où tous les lycéens sont concernés par la réforme du baccalauréat. Dès la seconde, les choix de spécialités sont à formuler rapidement et peuvent être décisifs pour l’accès à certaines formations. Pour les élèves de terminale, il s’agit de formuler des vœux sur la redoutée plateforme Parcoursup et obtenir un baccalauréat basé principalement sur le contrôle continu où chaque note a une influence directe sur l’obtention de ce diplôme tant attendu. Mais il ne faut pas noircir le tableau car le lycée est aussi un lieu de bienveillance et de développement de l’autonomie où la majeure partie des élèves s’épanouissent.

Laura Danis, élève de terminale Nickel

Discrimination de genre et de sexe ; la société et les lycées se mobilisent

Sexisme, machisme et féminisme, sont des termes récurrents dans les médias surtout depuis l’explosion du mouvement #MeToo en 2017. Pour rappel, le sexisme est l’ensemble des préjugés et discriminations reposant sur le sexe ou le genre d’une personne. Il se base sur la croyance qu’un sexe ou qu’un genre serait supérieur à l’autre.

Des discriminations de genre toujours omniprésentes…

Malheureusement, de trop nombreuses situations illustrent ce phénomène au sein de notre société et leurs conséquences désastreuses. Les hommes gagnent toujours 20% de plus que les femmes. Cela impacte donc le niveau de revenu d’une part importante des femmes et donc logiquement d’une très large majorité des foyers français. La carrière professionnelle d’une femme sera aussi toujours plus difficile que celle d’un homme. Elle doit prouver ses capacités à cause de son genre surtout dans des postes à responsabilité, qui sont, d’ailleurs, toujours monopolisés en grande partie par les hommes.

Mais le machisme existe également dans les foyers, les femmes consacrent 1 heure 30 de plus aux tâches domestiques par jours, par rapport aux hommes. Ces chiffres montrent que des stéréotypes d’une autre époque subsistent encore aujourd’hui. Aussi, les femmes sont sous-représentées et cela même dans l’Histoire. Seulement 2 % des rues françaises portent des noms de femmes. De même, la publicité continue de propager des stéréotypes sexistes, en effet, 74 % des français.e.s réprouvent les stéréotypes sexistes dans la publicité mais seulement 12 % les repèrent spontanément. Ce qui démontre à quel point ils sont implantés dans l’esprit d’une part toujours importante de la population. Enfin, les femmes sont particulièrement touchées par la violence et le tiers des femmes qui a été victime de harcèlement sexuel au moins une fois dans sa vie le démontre tristement. Comme la centaine de féminicides tous les ans malgré un net recul en 2020. Pour finir, il faut savoir que le sexisme ne touche pas seulement les femmes. En effet, certains hommes sont également perçus négativement lorsqu’ils ne remplissent pas les critères de virilité que la société leur impose. Certains d’entre eux font donc semblant car la pression de la masculinité dans la société est trop forte pour être supportée, alors ils préfèrent malheureusement refouler une part de leur véritable identité.

M.Coutelle, conseiller principal d’éducation au Lycée Rémi Belleau

Une question qui fait réagir dans les lycées

Des manifestations de sexisme sont également présentes au sein des structures scolaires. D’ailleurs, lors de la rentrée scolaire 2020, un nouveau mouvement féministe est né avec le #lundi14septembre, qui appelait à mettre des tenues courtes afin de lutter contre le sexisme que subissent les filles dans les établissements scolaires. En effet, sur les réseauxsociaux, de nombreuses filles ont pu dénoncer des règlements intérieurs jugés sexistes ou des commentaires de la part de l’encadrement quant à leur tenue vestimentaire jugée « trop courte ». Les codes vestimentaires sont très inégaux entre les garçons et les filles. Dans certains lycées, les filles n’ont pas le droit de se mettre en short ou en débardeur car ces tenues sont considérées comme vulgaires. Certains lycées ont justifié cela en expliquant que « la tenue des filles déconcentrerait les garçons en cours ». Nous avons donc décidé d’aller nous-même questionner l’administration du lycée Rémi Belleau pour obtenir son point de vue et c’est Monsieur Coutelle, le conseiller principal d’éducation, qui a répondu à nos questions

«Ce n’est pas pour une question de vulgarité ou de déconcentration des garçons que nous avons dû rappeler les règles vestimentaires à certaines jeunes filles, mais pour rappeler aux élèves le fait que dans la vie, notamment professionnelle, certaines tenues ne sont pas adaptées à toutes les situations et qu’il faut aussi être capable de s’adapter à la société dans laquelle nous évoluons ». Nous avons décidé également de recueillir le point de vue de certaines filles du lycée et beaucoup ne comprennent pas les interdictions par rapport à certaines tenues, surtout si la vulgarité n’est pas le problème. Et même les personnes qui ne se sentaient pas concernées par le port du crop-top, par exemple, sont solidaires car elles n’accepteraient pas d’être privées de porter une tenue dans laquelle elles se sentent épanouies. Nous pouvons donc souligner le fait que les restrictions vestimentaires n’ont pas de lien, au sein de notre lycée, avec un point de vue sexiste et qu’elles se veulent éducatives. Comme le souligne Monsieur Coutelle, « il existe aussi des règles pour les tenues vestimentaires des garçons dans notre établissement ». Cependant, le fait que ces restrictions existent démontre bien l’aspect conservateur de notre société qui n’est pas prête à accepter tous les styles vestimentaires dans le monde du travail, et qui se sent obligée de nous formater à ce monde dès l’adolescence. On peut se demander si nous ne méritons pas de profiter du cadre tolérant du lycée avant de devoir nous plier aux règles de cette société plus rigide. Et si l’on veut changer certains préjugés, ne doit-on pas parfois être capable de dépasser les normes établies ?

Chloé Hamard, élève de terminale Nickel et Maïa Genin, élève de seconde Saphir

Les Discriminations ; un fléau toujours présent mais de plus en plus combattu

Depuis les années 1970, les débats sur les discriminations font rage. Aujourd’hui, une société nouvelle émerge n’acceptant plus la discrimination et luttant contre toute forme de racisme, de sexisme et contre les stéréotypes et les préjugés qui en sont à l’origine. Dans cet article, nous allons essayer de dresser un bilan des discriminations en France, d’expliquer leurs mécanismes et de poser la question de leur présence dans le milieu scolaire.

Un phénomène généralisé mais en recul

Pour rappel, une discrimination est le fait de traiter un groupe de personnes différemment des autres et d’une manière défavorable. Elle peut être en raison de différences physiques telles que la couleur de peau, le sexe, l’âge ou le handicap mais aussi en raison d’une appartenance religieuse ou ethnique ou de l’orientation sexuelle. La loi française recense 25 critères rentrant dans la définition de discrimination mais certaines études l’ont même démontré selon des critères de poids et de beauté. Le phénomène de discrimination est donc bien plus généralisé dans notre société que ce qu’on pourrait penser car il touche en fin de compte une large majorité de la population. Pourtant de nombreuses personnes ne se pensent absolument pas concernées par cette question. Ce problème semblerait alors en augmentation mais il n’en est rien. Il suffit de voir la condition féminine ou le racisme dans les années 1960 pour se rendre compte que la situation s’est largement améliorée mais notre société, devenant plus égalitaire, est désormais bien plus attentive à ce phénomène.

Discriminations directes et indirectes

La loi française sanctionne lourdement la discrimination quand il s’agit de discrimination directe dans une situation précise telle que l’accès à un service, à un logement ou à un travail et que celle-ci est démontrée. Par exemple, elle peut être punie de 3 ans de prison ferme et de 45 000 euros d’amende pour discrimination à l’embauche mais celle-ci est très difficile à prouver. En France, c’’est le Défenseur des Droits qui a la mission de recevoir ces plaintes. Mais pour mesurer l’effet dévastateur de ces discriminations sur un groupe social dans son intégralité, les études sur les discriminations indirectes ou structurelles sont les plus instructives. On appelle discrimination indirecte les désavantages d’un individu ou d’un groupe d’individus par rapport à un autre. Ce sont elles qui ont permis de dresser ces constats alarmants. A travail égal, une femme touche un salaire 20% plus faible que celui d’un homme ou alors, hasard des chiffres, une personne supposée d’origine maghrébine a 20% de chance en moins d’être embauchée.

Escalier du lycée Rémi Belleau créé en mars 2021 pour sensibiliser les élèves à la lutte contre les discriminations

De la discrimination aux actes de violence

Les discriminations se nourrissent toutes de l’intolérance et des préjugés de la société sur certains individus ou groupes sociaux. Poussés à leur extrême, ils entraînent la forme la plus traumatisante de la discrimination; les agressions verbales ou physiques à caractère racial ou en raison de son appartenance religieuse ou de son orientation sexuelle. En France, chaque année ce sont plus de 1800 menaces ou actes violents antisémites, islamophobes, ou racistes, et antichrétiens qui ont lieu et ces chiffres ont doublé en moins de trois ans. De même, près de 1800 agressions homophobes et transphobes ont lieu chaque année et ce chiffre augmente de 30 % chaque année depuis plus de deux ans. Ces chiffres démontrent l’intensification de l’intolérance et l’augmentation des actes violents. Tout cela combiné à la haine qui se déverse à travers les réseaux sociaux donne la sensation d’une société de plus en plus discriminante.

Discrimination directe et indirecte en milieu scolaire

Les établissements scolaires représentent tout de même des lieux moins touchés par les discriminations directes grâce à l’affirmation de l’école laïque et par un système égalitaire entre les élèves. Cependant, ils restent dans le même contexte que le reste de la société. Ainsi, les incidents à caractères racistes touchent près de 3% des écoliers chaque année. Des discriminations indirectes sont visibles dans de nombreux établissements avec par exemple une perte de diversité entre la classe de 2nde et de 1ère générale. On peut aussi évoquer des préjugés fréquents au sein des lycées notamment le point de vue négatif de certains élèves de section générale sur les élèves en sections professionnelles et technologiques. Les discriminations touchent donc toutes les sphères de la société et affaiblissent les idéaux d’égalité et de fraternité nécessaires à toute vie en communauté. C’est pourquoi la lutte contre celles-ci constitue un enjeu majeur de notre société et chacun peut et même doit y jouer un rôle.

Elise Martineau, élève de terminale Nickel

Une semaine radio engagée contre les discriminations

La semaine radio est un évènement marquant qui rythme l’année du lycée Rémi Belleau. Cette année, il a de nouveau eu lieu du 12 au 16 octobre 2020 et la thématique retenue fût sur les discriminations et la lutte contre celles-ci. Nos journalistes ont eu la chance et le plaisir d’être accueillis dans le studio.

Un atelier innovant qui a su mobiliser tout un établissement

Lors de cette semaine nous avons décidé d’interroger Monsieur Hounsou, professeur de Sciences Economiques et Sociales et co-créateur et encadrant de l’atelier Radio 2B avec Monsieur Guyot, professeur de SVT. Ils portent à bout de bras ce projet depuis plus de 6 ans et M. Hounsou a accepté de revenir sur l’histoire de cette aventure.

En septembre 2014, l’idée fut trouvée de se lancer dans cette dynamique des radios scolaires et pédagogiques et d’y associer le collège Brossolette afin de créer une passerelle entre les deux établissements, d’où le nom radio2B. Quatre mois plus tard, dans un contexte particulier après les attentats de Charlie Hebdo, les premières diffusions radios émergeaient. Désireux de s’exprimer et véhiculer les valeurs de la liberté d’expression, les deux professeurs et les élèves se sont rapidement mobilisés à travers des émissions en direct. Le studio a été inauguré en janvier 2016, et baptisé Jean-Pierre Coffe en l’honneur de son parrainage. Le concept de la semaine de la radio est, quant à lui, né en 2016 avec l’objectif de diffuser des émissions en direct durant toute une semaine. Comme l’explique M. Hounsou, « pour sa cinquième édition, ce sont près de 200 élèves qui se sont mobilisés ainsi que de nombreux professeurs qui créent des projets pédagogiques autour de cet évènement ». Si on prend en compte les aménagements d’emploi du temps par l’administration, les plateaux repas servis à certains élèves en salle de rédaction, on peut vraiment dire que le lycée vit toute une semaine au rythme de la radio.

Une expérience unique qui développe des compétences multiples chez les élèves

M. Hounsou est également revenu avec nous sur le déroulement de cette semaine cruciale pour cet atelier. « Le travail réalisé en amont est réellement conséquent, en effet, les élèves doivent créer la grille d’émissions pour toute la semaine et l’intégralité de leur contenu sachant qu’une semaine radio équivaut à 30 heures de direct. Avec cette crise sanitaire inédite, les conditions de travail étaient différentes cette année, mais toujours pleines de sérieux et de positivité ».

Cette charge de travail cadencée ne nuit en rien à la motivation des équipes. Au-delà de l’aspect technique qui comporte ses spécificités et la maîtrise des outils numériques qu’il faut acquérir, le professeur nous explique que ce qui motive les troupes c’est l’improvisation. Les aléas du direct sont des situations peu communes dans le quotidien du lycée et les élèves pratiquant la radio s’adaptent ainsi rapidement à ces nouvelles conditions et acquièrent des compétences orales tout en développant des sujets larges et variés de leurs choix. « Grâce à la radio, certains élèves arrivent à vaincre leur timidité, à prendre confiance en eux en s’exerçant au débat et à la prestation orale ». Les élèves y ont acquis fluidité, spontanéité et aisance à l’oral. C’est ainsi une très bonne préparation pour le grand oral, cette nouvelle épreuve du baccalauréat et une très bonne expérience pour se préparer aux études supérieures. Au-delà des compétences scolaires, cette semaine a également un but civique primordial. Cette année, cette semaine de la radio avait pour thème, les discriminations. « La lutte contre les discriminations est importante au lycée car c’est à ce moment de notre vie que l’on commence à réfléchir par nous-même mais également à assumer son identité, sa sexualité ainsi que son apparence physique ». De plus, par la thématique des discriminations et par la promotion de la tolérance, nous pouvons sensibiliser les élèves au problème du harcèlement scolaire. « C’était donc naturel de choisir ce thème car l’atelier radio fait partie de la formation citoyenne et la lutte contre les discriminations en est un élément fondamental ».

Laura Danis et Chloé Hamard, élèves de terminale
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