« Je ne veux pas aller à l’école » ; une phrase pas forcément si anodine

La phobie scolaire est trop souvent méprisée, perçue comme un caprice car, pour la plupart des gens, l’enfant joue seulement la comédie pour ne pas aller à l’école. Mais cette pathologie n’a rien d’un mensonge, l’enfant souffre réellement d’une angoisse profonde qui prend le pas sur sa scolarité et sur sa vie.

Phobie scolaire ; un mal sous-estimé

Cédric Dufeil, infirmier du lycée Rémi Belleau

La phobie scolaire est une peur profonde ressentie qui produit des angoisses et un stress important chez certains élèves et les empêchant de vivre normalement leur scolarité et rendant leur venue en cours de plus en plus difficile. Elle peut prendre également le nom de refus scolaire anxieux. En 2019, il y a 2 à 5% des enfants scolarisés, surtout au collège et au lycée, qui sont atteints par ce refus scolaire anxieux et cela génère 5 à 8% des motifs de consultations en pédopsychiatrie. Cette peur parfois irrationnelle et incontrôlable peut être due à la forte pression de réussite ressentie par certains élèves, à la pression sociale provoquée par la vie en groupe à l’adolescence et au mal être que vivent certains jeunes à cette période ou au fait d’avoir vécu ou de vivre encore certains actes de harcèlement scolaire. Les personnes souffrant de ces angoisses ne peuvent pas venir en cours car ils sont pris par des crises de panique ou d’angoisses qui se manifestent parfois par des pleurs, des maux de tête ou de ventre, des nausées, de fortes difficultés à respirer et même pour certains à des crises impressionnantes menant à des évanouissements. Cela peut aller jusqu’à des cas de dépression. Ces signes de refus ou d’anxiété apparaissent au moment d’aller à l’école et le dimanche soir et surtout à l’intérieur même des établissements pour les élèves qui arrivent encore à franchir la porte de leur établissement. Si l’enfant refuse absolument d’aller en classe, ce n’est pas parce qu’il ne veut pas mais parce qu’il ne peut plus. On peut donc constater certains rapprochements avec le burn out ou épuisement professionnel chez les adultes mais lui est considéré comme une maladie, alors que le refus scolaire anxieux n’est répertorié que comme un trouble psychologique.

Un accompagnement complexe

Nous sommes allés voir M. Dufeil, l’infirmier du lycée Rémi Belleau afin d’avoir son expertise sur le sujet. Il nous a expliqué que des cas étaient présents au sein du lycée et qu’ils étaient en augmentation ces dernières années et encore plus depuis la crise du coronavirus. Certains sont vite repérés par les absences et les crises mais d’autres, en revanche, réussissent à le cacher malgré les angoisses. Pour l’infirmier, « ce qui génère l’apparition de ce refus scolaire chez les élèves est le développement important des angoisses, qui au bout d’un moment envahissent l’esprit et créent un blocage ». Nous avons la chance d’avoir dans notre lycée M Dufeil qui accompagne ces élèves, les écoute longuement, les oriente vers d’autres professionnels et facilite leur retour ou leur maintien en cours par la mise en place d’emplois du temps adaptés. En tant que camarade, nous pourrions aussi agir Un arbre pour ne pas oublier et planter les graines de la tolérance en gardant un lien avec eux, en leur apportant leurs devoirs ou encore en les accueillant devant le lycée lorsqu’ils reviennent pour les aider à franchir le portail.

Syane Tournay, élève de terminale Nickel

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