La jeunesse s’est-elle détournée des valeurs républicaines ?

Depuis le début des années 2000, la génération Z (les personnes nées entre 1997 et 2010) est accusée par les générations précédentes de ne plus respecter les valeurs fondamentales de notre République. Mais est-ce si vrai que ça ? Nous avons effectué un sondage en ligne à l’échelle du lycée qui a reçu 234 réponses. Nous avons également souhaité approfondir, dans cet article, la question de rattachement aux valeurs citoyennes et républicaines chez les jeunes afin d’y voir plus clair.

Une jeunesse éloignée de certaines valeurs républicaines et de notre système politique

Il ne faut pas se mentir, il existe certains éléments qui peuvent amener à penser que la jeunesse ne se reconnait plus dans une partie du fonctionnement de la Ve République et se place en opposition à certaines valeurs qui sont pourtant ancrées dans la société française. La laïcité fait partie des valeurs les plus incomprises et remises en question par les jeunes. Un sondage de l’IFOP le démontre : 52% des jeunes disent être favorables au port de signes religieux ostensibles dans les lycées publics alors que seulement 25% de l’ensemble des Français y sont favorables. Les jeunes ont une vision souvent négative de la laïcité, ils la perçoivent comme un principe restreignant la liberté religieuse et peu tolérant alors qu’elle garantit la neutralité de l’Etat envers toutes les religions et donc l’égali–té entre tous les citoyens, protège la liberté de tous les cultes et crée un véritable vivre ensemble où la question religieuse reste privée. En effet, d’après le même sondage de l’IFOP, seulement 11% des lycéens pensent que la laïcité repose sur la tolérance et le respect de chaque religion. Le droit au blasphème, qui est le droit à critiquer Dieu ou les religions, est un droit qui fait également débat chez les jeunes. Dans ce même sondage seulement 35% des moins de 25 ans disent soutenir la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, alors que chez les Français la part est de 59%. De même, dans le sondage fait dans notre établissement, 75 % des sondés répondent que critiquer Dieu ou la religion n’est pas normal. Une partie importante de la jeunesse semble donc considérer que la tolérance et la liberté religieuse doivent être totales et que le blasphème est un signe d’intolérance. Comme si le respect de la valeur de la tolérance chez les jeunes les avait éloignés de la laïcité. Il existe aussi une crise de confiance de la jeunesse dans la politique comme le démontre notre sondage. 68% des lycéens sondés ne se retrouvent pas dans le fonctionnement de notre système politique et pensent qu’il ne défend pas assez ses propres valeurs. Dans un autre domaine, seulement 6% des réponses à l’enquête expriment leur confiance envers le monde médiatique. Mais ces derniers résultats ne seraient-ils pas juste représentatifs de la crise démocratique et médiatique que traverse actuellement notre société dans son ensemble ?

Dessin de Clémence Razel élève de 1ère Sépia

Une jeunesse très engagée et défendant de nombreuses valeurs républicaines

En effet, la jeunesse actuelle démontre également une forte envie de s’engager dans la défense d’un certain nombre de causes et de valeurs républicaines. Dans notre sondage, les sondés expliquaient être attachés à de nombreuses valeurs comme la liberté, l’égalité, la fraternité mais également la tolérance et même la laïcité pour certains malgré le rejet du droit au blasphème. Aussi, 90% expliquaient avoir la volonté d’aller voter dans les prochaines années et 80% d’entre eux rejetaient l’idée d’avoir un dirigeant fort comme en Russie pour gouverner. Tout cela démontre bien rattachement de notre jeunesse à la démocratie et d’ailleurs les chiffres de participation aux élections des représentants d’élèves au Conseil de la Vie Lycéenne (CVL) sont parlants. Ce sont 69% des lycéens qui ont voté lors de cette élection et ce type de chiffre de participation ferait rêver de nombreux hommes politiques. Aussi, la jeunesse n’a plus rien à prouver sur son engagement pour la défense de valeurs importantes comme la défense de l’environnement. On peut le constater par les nombreuses marches pour le climat organisées à travers la France. 82% de nos sondés considèrent cette cause comme fondamentale tout comme le combat pour l’égalité homme/femme et la lutte contre toutes formes de discriminations. La participation de la jeunesse dans divers engagements volontaires montre aussi sa volonté d’agir. En effet 35 000 jeunes font un service civique en 2020 et 27 000 jeunes entre 11 et 18 ans sont dans les Jeunes Sapeurs-Pompiers dans le but de s’initier au secourisme et se mettre au service de la communauté. Enfin, l’implication des lycéens de notre établissement dans de nombreuses actions démontrent bien que la jeunesse prend sa place dans notre société et partage de nombreuses valeurs républicaines même si parfois elle les conçoit différemment.

Dessin de Clémence Razel

Article de Gabin Chevalier élève de Terminale Argent et Marion Dumez élève de lève Carmin

Le Service National Universel ; une expérience civique enrichissante.

Mardi 7 décembre 2021, le service départemental jeunesse engagement et sport est venu présenter aux élèves du lycée Rémi Belleau, le service national universel via une distribution de tracts et des échanges avec les élèves. Cette présentation a pu avoir lieu grâce à la mise en place d’un point information jeunesse un mardi midi par mois au lycée.

Un nouveau dispositif citoyen

Le Service National Universel est un dispositif qui s’adresse aux jeunes de 15 à 17 ans mis en place en 2019 et qui devrait devenir obligatoire en 2024. La session 2021 a déjà accueilli plus de 18 000 jeunes. Le SNU comporte 3 phases : le séjour de cohésion, la mission d’intérêt général qui correspond à un service rendu à la nation de 84 heures à réaliser sur un an dans une association, un corps d’armée ou un établissement public. Une dernière phase facultative, est à réaliser avant ses 25 ans. Celle-ci correspond à un engagement de 3 mois à 1 an soit dans la réserve civique ou militaire, soit à l’occasion d’un service civique, d’un engagement chez les jeunes sapeurs-pompiers ou dans une association. Il a pour but de créer une nation solidaire, responsable et engagée qui a conscience des valeurs de son pays.

Un séjour de cohésion ; une expérience de vie aux couleurs de la nation

Le séjour de cohésion dure 12 jours et a lieu pendant les vacances scolaires dans un autre département que celui de résidence. les jeunes d’un même centre sont divisés en compagnie dirigées par des militaires et en maisonnées dirigées par des personnes civiles. Les couleurs sont levées et la Marseillaise est chantée lors du rassemblement du camp chaque matin. Lors des cérémonies officielles comme celle de la venue du préfet, de la Journée Défense et Citoyenneté ou lors de la cérémonie de clôture, un uniforme doit être porté. Tous les soirs avant la veillée, a lieu une heure de démocratie interne qui permet à chacun de s’exprimer sur son ressenti de la journée et permet également de mener un « projet de maisonnée ». Cette année le thème était l’écocitoyenneté. Il fallait mener des actions concrètes qui mêlent écologie et citoyenneté e des débats étaient également organisés sur ce sujet. Aussi, de nombreuses valeurs républicaines comme la laïcité ou la liberté d’expression sont également inculquées à travers différents ateliers. Cette immersion est donc très riche et permet aussi de faire de nouvelles rencontres très enrichissantes et donc d’évoluer à tout point de vue.

Article d’Aurore Tual, élève de Première Carmin s’étant engagée dans un SNU
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